Et en étaient revenus enchantés, élogieux et dithyrambiques:
-"Magnifique !
- Sublime !
- Hallucinant !
- Quoi ?! Tu n'y es pas encore allé ?!!!
- Il faut ABSOLUMENT que tu vois ça !"
En général, je n'aime pas la frénésie qui entoure un évènement. Cette espèce d'excitation artificielle qui crée une attente telle que lorsqu'on découvre l'objet du désir, on est forcément déçu.
Il faut dire aussi, pour être tout à fait franc, que ma nonchalance était liée à mon désintérêt pour Ralph Lauren. J'ai toujours trouvé leurs campagnes ringardes et les collections estampillées "bon goût américain" totalement ennuyeuses.
Quant à la marque RL, je l'ai toujours considérée comme une ligne noyée dans le flot des marques jeanswear; aussi passionnante que les championnats du monde de curling... Bref, pas ma came.
J'ai donc laissé passé deux mois après l'ouverture pour aller visiter les lieux, par une chaude journée écrasante.
Un peu comme au cinéma, lorsqu'on va voir un film longtemps après sa sortie, histoire d'échapper à la transhumance et au battage médiatique qui pourrait nous empêcher de nous faire un avis totalement objectif, là, confortablement calé, au fond de la salle obscure, au frais (ou au chaud selon la saison).
Qu'est-ce qui aurait pu me faire aimer un bon plan marketing, aussi beau soit l'écrin ?
Ne voulant pas mourir idiot et réalisant que pour cela, le transport jusqu'à Saint-Germain-des-Prés serait plus rapide que la lecture entière de la saga des Rougon-Macquart, j'y suis allé.
Bien m'en a pris. J'ai été totalement conquis par le lieu bien sûr (marketing réussi) mais même par certains éléments de la collection.
J'ai été transporté par mes déambulations et suis ressorti totalement bouleversé par ce temps suspendu que je venais de vivre et qui a duré presqu'une heure.
Alors que j'étais ravi de cette découverte et prêt à faire mea culpa de mes préjugés, je suis tombé sur quelques articles qui ont soudainement mis un bémol à mon enthousiasme.
C'était trop beau pour être vrai: le lustre n'était donc pas aussi brillant que ce que j'avais vu ?
173, BOULEVARD SAINT-GERMAIN: "ICI TOUT N'EST QU'ORDRE ET BEAUTE, LUXE, CALME ET VOLUPTE"
"J'ai voulu créer un espace évoquant le glamour, la culture et l'esprit artistique de Paris, dont je suis tombé amoureux".



"A l'heure où Ralph Lauren s'apprête à recevoir des mains du chef de l'état la légion d'honneur, les conditions de travail dans lesquelles sont fabriqués les vêtements de luxe portant son nom demeurent très en-deçà de ce qu'exigent les normes fondamentales internationales du travail".
"Plusieurs fois sollicité à ce sujet, Ralph Lauren refuse de répondre, ajoute-t'elle, rappelant que, les conditions de travail chez un de ses fournisseurs ont déjà valu plusieurs campagnes de dénonciation et de procès" au groupe américain.L'organisation fait valoir qu'en 2008, Peuples Solidaires avait lancé un "appel urgent dénonçant le licenciement abusif, un an plus tôt, de dix neuf salariés d'une de ses usines sous-traitantes en Indonésie".
Ce licenciement aurait eu lieu en raison de "la création par ces salariés d'un syndicat pour défendre leurs droits et améliorer leurs conditions de travail".
Malgré le bruit fait autour de cette affaire auprès de la société Ralph Lauren, "rien n'a bougé" trois ans après.
PT Mulia knitting factory, l'usine incriminée, "multiplie les contrats précaires et applique une politique discriminatoire envers les femmes. Elle refuse de payer les congés maternité et les indemnités obligatoires de santé et de retraite auxquels ces travailleuses ont droit".
Elles ne bénéficient pas non plus des équipements de sécurité adéquats qui leur permettraient de travailler dans des conditions sûres."
L'ensemble de ces infractions est faîte à la fois à l'encontre du droit indonésien mais aussi au mépris des normes fondamentales du travail contenues dans le droit international.
L'organisation s'étonne de la cécité et du silence de la compagnie américaine sur ces violations d'autant qu'en 1997, la Société Ralph Lauren a élaboré un code de conduite de son entreprise et participe régulièrement à "divers programmes philanthropiques", ce qui l'amène à "être vue comme une entreprise vertueuse".
L'organisation interprète la position de Ralph Lauren comme admettant la violation des droits de ses sous-traitants. Elle dénonce le fait qu'il les laisse perdurer, alors que de son côté, Tommy Hilfiger, confronté à ce type de problème, a accepté d'engager des discussions à ce sujet.
Même si des solutions n'ont pu être trouvées, l'acceptation de Hilfiger a mis en exergue, la passivité de Ralp Lauren.
Cette découverte a pas mal gâché mon plaisir. Tout à coup, je n'ai plus vu du même oeil, les polos colorés joliment pliés et rangés dans un souci de mise en scène chic et glamour. Les coulisses encombrées sont venues déranger cette armoire bien proprette.
Et puis, du coup, il est encore moins question que j'aille manger un vulgaire hamburger facturé 25 euros, aussi joli soit l'écrin-jardin où il me sera servi...